Hors du temps, hors du monde. Tout semblait immuable. Le réveil avant l’aube, le café de dix heures, le repas à treize et le film de vingt heures cinquante. Manger dos à la cheminée, face à la télévision.
C’est dans ce paradis perdu que nous nous sommes construits. Là où passé et présent se confondent.
L’agriculture, c’est le travail qui devient une vie, qui s’y mélange et s’y dilue à chaque instant. C’est une relation permanente où l’on se couche pour se lever le lendemain. Notre enfance y a été bercée. La ferme nous a influencé, sculpté, appris le travail, construit des souvenirs.
Une maison de famille qui nous a tous vu grandir et s'éteint doucement, avec ses trésors, avec ses histoires.
Aujourd’hui le boulanger ne passe plus. C’était le dernier.
Les mauvaises herbes et les mulots gagnent du terrain. Les vaches sont parties. Les chiens ont rongé ma vieille paire de bottes.
Les ronces grandissent et recouvrent peu à peu les restes de notre histoire.